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  • 15 février 2019

    15 février 2019

    Petite balade à l'Isle-Sur-la-Sorgue avec René Char


    Quand on visite une petite ville de Provence telle que l'Isle-sur-la-Sorgue, dans le Vaucluse, on ne peut qu'être séduit.


    Outre les balades le long de la Sorgue [y voir les belles demeures bordant les canaux, les quelques roues à aubes témoins du prestige de l'industrie d’antan], on ne peut s'empêcher d'imaginer René Char arpentant cette ville dans son enfance.


    J'avais dix ans
    La Sorgue m'enchâssait
    Le soleil chantait des heures
    Sur le sage cadran des eaux
    René Char [Déclarer son nom]


    Certes tout change, les roues à aubes ne sont plus là que pour la décoration, la maison natale du poète n'existe plus, mais la Sorgue est toujours présente.


    Rivière trop tôt partie, d'une traite, sans compagnon
    Donne aux enfants de mon pays, le visage de ta passion
    Rivière où l'éclair finit et où commence ma maison
    Qui roule aux marches d'oubli la rocaille de ma raison
    René Char [La Sorgue]


    La Sorgue, qui traverse plusieurs villes du Vaucluse [département de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur], est une rivière qui a permis dans le passé de nombreuses activités industrielles.


    On y dénombrait autrefois environ 70 roues à aubes ; leur grande majorité était à l'intérieur des bâtiments pour éviter qu'elles se recouvrent de mousses, comme maintenant. A Isle-sur-la-Sorgue elles servaient surtout pour les filatures de soie.

    Regarde en attendant tourner les dernières roues sur la Sorgue
    Mesure la longueur abondante de leur mousse,
    calcule la résistance délabrée de leur planche
    Confie-toi à voix basse aux eaux sauvages que nous aimons tant...
    René Char [En 1942]


    La rivière sillonne Isle-sur-la-Sorgue de ses multiples canaux, ce qui lui vaut le surnom de Venise de Comtat. A l'origine, c'était une bourgade de pêcheurs au milieu de la rivière.


    Les algues qui tapissent le fond du canal lui donnent une impression d'eau verte


    Rivière de farfelus, des fiévreux, des équarrisseurs
    Du soleil lâchant sa charrue pour s'acoquiner au menteur
    Rivière des égards au songe, rivière qui rouille le fer
    Où les étoiles ont cette ombre qu'elle refusent à la mer
    René Char [La Sorgue]


    René Char est né à l'Isle-sur-la-Sorgue en 1907 et il y est enterré. A 21 ans, il publie ses premiers romans, et à 22 ans il rejoint le mouvement surréaliste créé par André Breton, mouvement qu'il quittera cinq ans plus tard. Pour René Char, un poète est nu, libre de toute attache, seul devant la Poésie qui doit naître libre et un peu folle, tendre et rebelle aux mains qui la mettent au monde.

    Ils sont privilégiés ceux que le Soleil
    Et le vent suffisent à rendre fous
    René Char














    Publié par Ranjiva

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