Le printemps des poètes cette année a comme thème "d'infinis paysages". Il est en effet des endroits qui vous plongent dans l'infini, dans l’éternité. Malgré les menaces et l'érosion qui la guettent, Venise en est sans doute le plus bel exemple, de cet Infini, et les écrits de Byron auront réussi à décrire de façon admirable et poétique cette facette de la ville.
Lord Byron (1788-1824) poète romantique britannique et voyageur impénitent d'Orient, d'Asie et d'Europe a séjourné pendant 3 ans à Venise. Conquis par la ville qu'il nomma la ville-fée , il lui dédia de magnifiques poèmes. Il trouva la ville certes décatie mais sans rien lui contester de sa beauté et des merveilles issues de sa gloire passée. Ville unique entre ciel et mer où la plupart des façades sont recouvertes d'images, ville en couleurs où toute la gamme chromatique se déploie de façon harmonieuse. On ne reste pas insensible à la magie de Venise.
J'aimai Venise dès ma jeunesse. Elle était pour moi comme la ville enchantée du cœur, le séjour de la joie et des richesses, s'élevant telle que des jets d'eau du sein de la mer. elle m'est peut-être plus chère dans ses jours d'infortunes que si elle était encore l'orgueil, la merveille du monde. Lord Byron - La merveille du monde
Venise est menacée par l'Acqua Alta (les hautes eaux), phénomène qui a toujours existé et les vénitiens assistent impuissants à cette invasion d'eau dans leur ville. Phénomène qui provoque des dégâts immédiats mais le plus à craindre étant la corrosion que subissent les structures des bâtiments. Lord Byron était sensible à cette fragilité de Venise. L’œuvre de Byron la plus connue est Childe Harold : ni un roman relatant les aventures d'un héros, ni même un poème lyrique, plutôt "l'assemblage de notes d'un voyageur mêlées de descriptions, de souvenirs, de digressions personnels" déclara-t-il.
Cette œuvre se compose de 4 chants et le 4ème chant est consacré à Venise. C'est surtout un magnifique poème reposant sur le contraste poignant entre romantisme et réalité.
Les empires tombent, les arts dégénèrent, mais la nature ne meurt jamais, elle n'a pas oublié toutefois combien Venise jadis lui fut chère, ce séjour agréable de tous les plaisirs, le paradis de la terre, le masque de l'Italie ! Lord Byron - Le Gondolier Muet Rame en Silence
Les trois années que Byron a passées à Venise de 1816 à 1819 ont nourri sa vision poétique de la ville. Vision teintée de délicatesse mais aussi de scepticisme. Une vision qui a su attirer d'autres artistes, écrivains, peintres et poètes et qui ont donné à Venise sa renommée de ville éternelle.
J'étais dans Venise... J'étais dans Venise, sur le Pont des Soupirs, un palais d'un coté et une prison de l'autre ; j'en voyais les monuments s'élever du sein des vagues, comme par la baguette d'un enchanteur. Lord Byron - J'étais dans Venise
Venise l'éternelle, mais aussi Venise "l'amplificateur des sens" comme dirait Philippe Sollers amoureux de Venise dans cette même lignée d'écrivains. Cela fait 40ans que Sollers fait son pèlerinage à Venise, deux fois par an. Car elle l'inspire dans ses écrits. Mais cela doit passer par une immersion totale: "écrire, respirer, dormir, respirer, écrire. Ici" Certes Philippe Sollers n'a pas la même vision de Venise que Byron. Ce dernier était plus nostalgique du passé "L'adriatique qui pleure son époux". mais à chacun son image (et on ne peut pas demander à Sollers de rentrer dans une posture romantique de 2 siècles avant lui). Pour Philippe Sollers Venise c'est une ville joyeuse, secrète, éternelle, l'instant, rien d'autre, la notation pure et simple : une liberté énorme et insoupçonnée est là. Venise à soi : hors de sentier battu, hors foule.
Elle t'appelle dans ses ondes et laisse la mer répondre que depuis toujours tu l'aimes.
Leonard cohen [Suzanne]
Leonard cohen [Suzanne]
Il y a de la musique dans le soupir du roseau. Il y a de la musique dans le bouillonnement du ruisseau Il y a de la musique en toutes choses, si les hommes pouvaient l'entendre.
Lord Byron
* Suite Venise