Quand on arrive à Honfleur, on est aussitôt séduit par son pittoresque port, le Vieux Bassin, lieu charmant incontournable de la ville.
Et quand on longe les quais, on est naturellement ébloui par les couleurs des maisons qui se reflètent dans l'eau et la vie quotidienne qui s'y déploie. Et on comprend alors l'engouement de peintres, dès le début du 19ème siècle, pour cet agréable petit coin.
Honfleur est une petite ville portuaire au charme fou, situé en Normandie dans le département de Calvados.
Dès le début du 19ème siècle, le littoral normand -Honfleur en particulier- fut le lieu de rencontre des écrivains, poètes, musiciens et peintres ... La Seine a toujours exercé une fascination pour ces artistes et Honfleur, qui est située au bord de son estuaire bénéficie aussi de cet engouement.
Eugène Boudin (1824-1898), natif de Honfleur, fut particulièrement sensible à la lumière changeante du ciel normand. Il fut un des premiers peintres à quitter son atelier pour travailler en pleine nature, l'un des précurseurs de l'impressionnisme. Claude Monet (1840- 1926) considérait Eugène Boudin comme son maître. Il le rencontra à l'âge de 17 ans, il fut le premier à l'inciter à peindre le littoral normand, ce que fit Monet pendant quatre ans, quatre années à se référer aux conseils d'Eugène Boudin. Ce qui lui fit dire bien des années plus tard : "En ce qui concerne mes relations avec le roi des ciels, je crois vous l'avoir déjà dit, je considère Eugène Boudin comme mon maître", "je dois tout à Boudin et je lui suis reconnaissant de ma réussite".
C'est aussi à Honfleur qu'Eugène Boudin rencontra un autre "maître des ciels", Charles Baudelaire poète et critique d'art aussi (1821 -1867). Baudelaire appréciait les nuages chez les paysagistes romantiques, ceux du peintre Eugène Delacroix (1798 -1863) qu'il qualifiait "d'une grande légèreté", ou bien ceux d'Eugène Boudin de "fantastiques et lumineux".
Charles Baudelaire fut le voisin d'Eugène Boudin pendant une année à Honfleur. Sa mère y résidait et il y venait terminer ses poèmes "Les Fleurs du mal". Le peintre travaillait souvent sur les quais et le poète, qui aimait fréquenter les ports, ne put que le croiser. Baudelaire déclara que l’œuvre du peintre l'intéressait à plusieurs égards et que sa passion pour la mer et les ciels changeants l'ont marqué dès le début. Il s'enthousiasmait pour ces beautés météorologiques "Ces nuages aux formes fantastiques et lumineuses, toutes ces profondeurs, toutes ces splendeurs me montèrent au cerveau comme une boisson capiteuse. Il ne m'arriva pas une seule fois, devant ces magies liquides ou aériennes de me plaindre de l'absence de l'homme. (critique du salon 1859).
Le môle, Palais Ducale, la tour, vue prise de San Giorgio [1895]
Antibes - Les Fortifications - Effet de jour [1893] Villefranche - le quai [1892]
Eugène Boudin était aussi à ses heures un peintre voyageur. Comme ses contemporains, il voyagea à la recherche d'autres paysages, d'autres lumières... Sa route traversa ainsi la côte d'Azur, comme beaucoup d'autres peintres. Même s'il se sent incapable de traduire l'intensité lumineuse de la côte méditerranéenne, il réussit à retrouver toute sa palette de couleurs et y déclara que "la lumière harmonise l'ensemble". Il eut aussi la tentation de Venise en 1895, comme d'autres peintres passés et futurs, mais c'est encore une autre histoire...
Nager en plein ciel. Arrivé aux délicatesses des nuages.
Suspendre ces masses au fond, bien lointaines dans la brume grise.
Faire éclater l'Azur. Eugène Boudin
Suspendre ces masses au fond, bien lointaines dans la brume grise.
Faire éclater l'Azur. Eugène Boudin
*Photos prises en octobre 2014