Sur la presqu'île de Guérande, les marais salants couvrent près de 2000 hectares. Ils s'étendent sur 6 communes dont une grande partie se trouve dans la commune de Guérande en Loire-Atlantique.
Depuis des millénaires ces salines sont façonnées entièrement par la main de l'homme : le sel marin y est encore récolté à la main.
Paysage unique où le paludier -l'homme des marais salants- exploite chaque œillet [bassin] d'une façon artisanale. L'hiver est consacré à l'entretien des bassins, le printemps au nettoyage des salines et l'été à la récolte. Le travail se fait avec les mêmes techniques manuelles ancestrales : un véritable art de vivre en osmose avec la Nature...
Lors des marées, le paludier ou la paludière recueille dans ses premiers bassins, l'eau de mer au moyen des trappes. L'eau parcourt différents bassins de moins en moins profonds et sous l'action du soleil et du vent, l'eau de mer atteint dans l’œillet une concentration en sel provoquant la cristallisation.
A la suite de trois étapes -l'évaporation, la concentration et la cristallisation- la Mer nous offre ses cristaux de sel.
Le sel se cristallise naturellement. Il se décline alors en trois produits le gros sel [gris], le sel non raffiné mais juste broyé et la fleur de sel très prisée. Cette dernière constitue la fine pellicule blanche très légère qui se forme à la surface, qu'il faut cueillir délicatement et rapidement.
Cette production millénaire a failli disparaître au 20 ème siècle, les débouchés techniques ayant failli supplanter la production artisanale. Mais grâce à l’œuvre des quelques paludiers soucieux de sauvegarder l'authenticité, ce patrimoine régional fut sauvegardé dans les années 1970. Et cette reprise fut récompensée, par l'obtention de "label rouge" ainsi que son classement au "site remarquable du patrimoine mondial "depuis 1996.
A la fin de l'été, les marais se colorent d'une nouvelle teinte rosée que l'on doit à la salicorne, une plante halophile -plante qui supporte la présence de sel-. Autrefois redoutée par les paludiers, elle est devenue un complément de ressources, étant entrée depuis quelques années dans la consommation courante, son goût d'algue salé est fort apprécié . Ses jeunes pousses sont dorénavant cueillies au printemps.
Le sel a su dès l'antiquité semer son grain. On le retrouve non seulement dans les expressions courantes -le mot salaire y dérive- mais aussi dans des diverses légendes... Dans la la mythologie grecque, Homère lui confère un statut de divin : Néréé, père des néréides dont entre autres de Thétis et Amphitrite a donné comme cadeau de noces du sel marin à Pélée, le père d'Achille.
Etant vital pour l'homme et servant depuis toujours comme élément conservateur des aliments, dans toutes civilisations, le sel fut sacré.
Ce que tu as reçu de tes ancêtres, acquiers-le, pour le posséder
Goethe
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